Après Octobre Rose, qui sensibilise au dépistage du cancer du sein et qui a fêté cette année son 30è anniversaire, voici venu Movember dédié à la santé des hommes. Souvent tabou parce qu’il touche à la virilité et à l’intimité masculine, le cancer du testicule et de la prostate sont les tumeurs les plus répandues. Si le premier affecte surtout les plus jeunes (15-35 ans), le second représente 66% des cas chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Bien qu’ils bénéficient d’un bon pronostic de guérison, rien ne vaut la prévention : quels sont les facteurs de risque, quels symptômes, quel dépistage, quels traitements et quelles conséquences sur la sexualité ? Le cancer n’a pas d’âge, pas de frontière, pas de répit. C’est toute l’année qu’il faut rester en alerte.
Facteurs de risque
Les causes et les facteurs de risque du cancer du testicule demeurent encore une énigme. Les spécialistes évoquent la cryptorchidie (testicule non descendu dans le scrotum) ou les antécédents familiaux susceptibles de développer la maladie, voire l’exposition à certaines substances cancérigènes (benzène, hydrocarbure, bisphénol A), mais sans plus de certitudes.
L’approche concernant le cancer de la prostate est plus aboutie. Outre des antécédents familiaux, le mode de vie et l’alimentation (excès de graisses saturées, sédentarité, surpoids), ainsi que l’exposition à des métaux lourds ou à des pesticides sont le plus souvent cités parmi les facteurs de risque.
Symptômes et dépistage
Il n’y a pas ou peu de symptômes dans le cancer du testicule. Un gonflement, un durcissement ou une augmentation de volume du scrotum (les bourses) peuvent alerter. Mais le plus souvent, c’est indolore. C’est pourquoi, il convient d’examiner ses testicules dès le plus jeune âge, afin de pouvoir précocement détecter toute anomalie. L’idéal est de pratiquer cette auto-palpation à la sortie de la douche ou du bain. Sous l’effet de la chaleur, les muscles des bourses seront davantage détendus, ce qui facilite l’examen et la détection d’une anomalie. Face au miroir, il suffit ensuite de palper chaque testicule séparément en plaçant l’index et le majeur en dessous et le pouce au-dessus. Faire ensuite rouler le testicule d’avant en arrière entre le pouce et les doigts, puis inspecter à nouveau le tout devant la glace. L’opération est à renouveler chaque mois. Si un durcissement, une augmentation de volume, une sensation de lourdeur ou une douleur au niveau du testicule, mais aussi des bourses ou du bas-ventre, mieux vaut consulter un urologue.
A l’image du cancer du sein chez la femme, celui de la prostate est soumis à un dépistage individualisé après 50 ans. Le toucher rectal et le dosage du taux de PSA dans le sang constituent les premiers examens à réaliser auprès de l’urologue qu’il est préférable de consulter si ces symptômes se produisent : envie d’uriner anormalement fréquente, gêne ou brûlure au moment du jet qui peut s’interrompre, vessie non vidée, incontinence, présence de sang dans les urines ou dans le sperme. Seule une biopsie sous anesthésie locale sera ensuite en mesure de valider le caractère bénin ou malin de la tumeur et de déterminer le degré d’agressivité du cancer (score de Gleason).
Traitements
Si le cancer est diagnostiqué, on procède à l’ablation du testicule (orchidectomie) porteur de la tumeur. Ce geste opératoire est systématique. Dans des cas très rares, il est possible d’envisager une orchidectomie partielle, de façon à conserver les fonctions hormonales et reproductrices du testicule. Ensuite, une chimiothérapie adjuvante est mise en place, soit pour réduire le risque de récidive, soit pour stopper l’apparition de métastases. Par ailleurs, et à la seule condition que la tumeur soit précoce et très localisée, l’urologue peut proposer au patient une surveillance active après l’ablation. Enfin, et c’est importantissime pour tous les malades atteints de cette pathologie, il est absolument indispensable de prélever et de congeler des échantillons de sperme avant de démarrer le traitement.
Concernant le cancer de la prostate, le mode opératoire est un peu identique. Après la biopsie, et dans le souci d’établir un diagnostic extrêmement fiable, une IRM (Imagerie par résonance magnétique), un scanner ou une scintigraphie permettent de déterminer si des cellules tumorales ont franchi la capsule enveloppant la prostate et pouvant migrer vers d’autres organes (os, foie, poumon).
En accord avec le patient, et selon la gravité de la tumeur, l’oncologue peut pratiquer la chirurgie (ablation totale de la prostate appelée prostatectomie), la radiothérapie (destruction des cellules cancéreuses), la curiethérapie (tumeur localisée et à faible risque), la chimiothérapie et/ou l’hormonothérapie (cancer multi-métastatiques, rechute).
Taux de guérison
Il s’agit de deux pathologies de très bon pronostic. L’espérance de vie du cancer du testicule (cette pathologie reste très rare puisqu’elle ne touche que 1 à 2% de la population masculine) s’élève à 98% pour les patients diagnostiqués à 20 ans et à 94% pour les plus âgés. Evoluant lentement, le cancer de la prostate, le plus fréquent chez l’homme avec plus de 70 000 cas par an, présente un taux de survie de plus de 90%.
Sexualité
ll est naturel de s’inquiéter de sa sexualité après une ablation du testicule, symbole de reproduction, de masculinité et de testostérone. Or, ce cancer n’a aucune incidence sur la fonction érectile. Il n’en reste pas moins que l’aspect symbolique et affectif de cette pathologie est susceptible d’entraîner des dysfonctionnements intimes ajoutés à la non-acceptation de l’ablation, au stress, à la perte d’estime de soi, à la baisse de libido. Mais en aucun cas, l’orchidectomie n’altère l’activité ou l’épanouissement sexuel. Les seules barrières sont ici psychologiques.
De plus, même si encore une fois mieux vaut congeler son sperme, cet acte chirurgical n’interdit pas la possibilité d’avoir des enfants, si un seul testicule est retiré.
Concernant le cancer de la prostate, il faut d’abord savoir que l’ablation des vésicules séminales empêche toute éjaculation et donc l’espoir de procréer. Néanmoins, si le chirurgien parvient à épargner les bandelettes érectiles durant la prostatectomie, sauf si l’avancement et l’agressivité de la tumeur est trop avancé, le patient et sa partenaire peuvent reprendre une activité sexuelle normale. Toutefois, tout comme l’ablation du testicule qui touche à l’intimité masculine, il ne faut pas mésestimer l’impact émotionnel. C’est pourquoi, la rééducation érectile ne doit pas être négligée (médicaments, inhibiteurs, vacuum, injection intra-caverneuse). Et malgré l’absence définitive d’éjaculation, la sensation de plaisir et d’orgasme reste préservée.
« C’est cela aussi le côté magique de notre histoire. Avoir donné naissance à notre enfant, malgré un cancer des testicules. »
— Marc, Fondateur de Clic Perruques
LE FONDATEUR DE CLIC PERRUQUES A VAINCU DEUX CANCERS DU TESTICULE
Marc : une histoire, un espoir.
Tout ce qu’il touche devient or. Champion de France de coiffure, chanteur dans un groupe de musique, Marc Luttmann est un homme comblé. Sa vie de rêve est toute tracée quand on lui diagnostique un cancer du testicule à 25 ans.
Après avoir subi une lourde opération à ses poumons métastasés, il surmonte la maladie et revient encore plus fort. Ayant perdu ses cheveux sous l’effet des nombreuses séances de chimiothérapie, il doit alors porter une perruque et s’aperçoit que tout est encore à faire dans ce domaine. «A l’époque, j’ai été confronté à de nombreuses difficultés pour trouver un institut capillaire. C’est pourquoi, dés l’ouverture de mon premier salon, j’ai tout de suite aménagé une cabine pour la pose de prothèses. Et au delà de ma profession de coiffeur visagiste, j’ai pu mesurer le mal-être psychologique lié au port de la perruque», explique Marc.
Côté cœur, il tombe sous le charme de Laura, venue faire un essai pour intégrer le groupe des Marlos. Elle a 20 ans, il en a 44. La vie devant eux. Un an plus tard, le jour de son anniversaire, Marc Luttmann apprend qu’il est atteint d’une seconde tumeur au testicule. Le nouveau traitement est lourd, très lourd. Il perd des forces et une dizaine de kilos, mais réussit à dompter une nouvelle fois la maladie. Aujourd’hui, c’est à nouveau un homme heureux.
Sensible au mal-être qui accompagne la perte de cheveux, il a l’idée de créer le site Clic Perruques, success story que Laura, sa femme, contribue à développer. «Etre le témoin impuissant de ce qu’il était en train de vivre, ça te touche au plus profond de toi-même. Je n’ai eu cesse de l’épauler, de le soutenir. C’est pourquoi, je me suis lancée à fond dans Clic Perruques. C’était ma façon de lui rendre tout ce qu’il m’avait apporté. Avec le recul, je suis persuadée que notre couple s’est construit à travers cela…»
La plus belle victoire de Marc et Laura s’appelle Charlize, née des spermatozoïdes congelés du papa, voici vingt-six ans… «C’est cela aussi le côté magique de notre histoire. Avoir donné naissance à notre enfant, malgré un cancer des testicules. Quel incroyable et magnifique pied de nez à la maladie. Il faut toujours y croire, ne jamais rien lâcher, même quand tu es au plus profond du trou.»